DATE: 2023-10-04
Dans les bureaux du parti libéral Yabloko, des Russes écrivent aux prisonniers politiques, le 28 septembre 2023 à Moscou.B.V.Il y a ceux qui écrivent de longues lettres, des feuilles A4 soigneusement pliées dans une enveloppe.
Et ceux qui préfèrent la quantité – les mêmes quelques mots griffonnés sur une carte postale.En lespace dune heure depuis son arrivée, Yulia Averina en a déjà écrit 10.Ce soir, jétais un peu à court dinspiration..Et puis, je me suis retrouvé à leur raconter les fleurs que javais plantées pour lautomne au fond de mon bâtiment – des pivoines et des lilas.Comme ils sont coupés du monde extérieur, je leur donne aussi les dernières informations.Je leur dis que Sobyanin a été réélu maire de Moscou.Je nai pas à leur dire dans quelles conditions.Ils savent, et les censeurs ne voulaient pas le laisser passer..Ce sont des prisonniers politiques quAverina, une infirmière de 49 ans, na jamais rencontré et probablement ne le fera jamais..
Elle sarrête seulement pour discuter avec les autres écrivains à sa table ou pour reconstituer ses provisions de thé et cupcakes.Il y a toujours une soixantaine décrivains, pressés autour d`une douzaine de tables, les coudes presque touchants.
Certains congés, qui ne seront remplacés que par de nouveaux arrivants – et le joyeux tour est répété le dernier jeudi du mois, de 18h à 21h.Sur les tables sont des stylos à bille, cartes postales représentant de paysages russes inoffensifs et fiches dinformation détaillant les cas et conditions d incarcération de certains détenus.Avec la guerre en Ukraine, leur nombre a fortement augmenté – à 1500, dit lorganisateur Lilia Manikhina, qui travaille également dans le secteur médical.
De telles initiatives existaient auparavant, mais le jeune homme de 55 ans leur a donné un nouveau point de vente en organisant ces réunions du jeudi pendant près dun an, avec lappui logistique des anciens partis libéraux Yabloko.Des volontaires se réunissent dans les bureaux des partis pour écrire 500 à 600 lettres par session, qui sont ensuite envoyées aux prisons de tout le pays le lendemain..Vos lettres me donnent la force de vivre Le 28 septembre, Manikhina a opté pour une solution simple afin que les prisonniers les plus connus ne soient pas favorisés..
Elle a placé sur les tables des fiches dinformation de prisonniers dont le nom commençait par un S, comme en septembre..Theres Pavel Stepanov, un blogueur de 29 ans dont les écrits ont eu selon les tribunaux une influence négative sur lopinion des forces armées dans la société.Et Alexandra Skochilenko, 33 ans, malade et détenue avant jugement depuis mars 2022 pour avoir remplacé les étiquettes de prix dans un magasin par des notes courtes sur les crimes de larmée russe.Tu as 60 ans..
07% de cet article reste à lire.Le reste est réservé aux abonnés.Le présent règlement entre en vigueur le jour suivant celui de sa publication.
Source: https://www.lemonde.fr/en/international/article/2023/10/04/writing-to-prisoners-is-the-last-political-fight-allowed-in-moscow_6147695_4.html