DATE: 2023-10-01
LETTRE DE GENÈVE Alain Berset, Président de la Confédération suisse et chef des soins de santé, devant les hôpitaux universitaires genevois, mars 2020.
SALVATORE DI NOLFI / POOL VIA REUTERS Cest un rituel qui revient quand les feuilles deviennent jaunes.
Depuis 11 ans, le ministre suisse de la Santé Alain Berset (Parti socialiste suisse) annonce à ses concitoyens avec une expression sombre et inquiète que les ajustements sont difficiles et douloureux mais aussi malheureusement inévitables..De quoi parle-t-il? Les primes mensuelles dassurance maladie de plus en plus élevées pour lannée suivante, que l ́État n ́a pas pu contrôler depuis la mise en place de la loi fédérale sur l`assurance santé (KVG) en 1996.Depuis sa création, lacronyme a été aussi désagréable pour les Suisses que la réalité quil représente..
Année après année, le mois de septembre fait un nouveau coup aux budgets des ménages.Après un 6.Une augmentation de 6% en 2023, une nouvelle hausse de 8 % à 9 % devrait être révélée dans les prochains jours en2024..Cette situation sera suivie dune vague de griefs, suivi de semaines de troubles, comme chacun anticipe laugmentation des années à venir, mélangeant le fatalisme et le libéralisme affirmé..Im en a marre, comme presque tout le monde dans la classe politique, dit Gerhard Pfister, président du parti The Center (centre-droit), à cette époque lannée dernière.
Rien ne change.Le système de santé suisse est dune qualité exceptionnelle, mais il est devenu beaucoup trop cher.Et aucun des acteurs du secteur – compagnies dassurance, médecins, hôpitaux et cantons – na intérêt à réduire les coûts.Dans certains cas, les primes ont doublé en moins de 20 ans..Il nest pas rare que la facture dassurance maladie pour un couple et leurs deux enfants atteigne 1 500 francs suisses (1 562) par mois, alors que le salaire médian dans le pays est autour de 6 000 francs suisse (6 250 euros).Un système hautement inégalé Conçu à lorigine comme un système hybride public-privé destiné à stimuler les investissements, modérer les dépenses et maintenir le très haut niveau du système de santé suisse, la KVG était principalement destinée à éviter les pièges bureaucratiques des NHS britanniques ou ceux qui ont été cités plus fréquemment par Sécu..
Un compromis typiquement suisse, il exige que les individus soient assurés mais ils ne peuvent le faire quà travers lintermédiaire de plusieurs dizaines dassureurs qui se disputent farouchement pour acquérir de nouveaux clients en ciblant les risques appropriés..De cette façon, les jeunes et les personnes en bonne santé peuvent obtenir de bons taux.En pratique, les différences de taux sont minimes..
Cest le code postal qui compte.Les francophones, qui gagnent moins, paient plus que les germanophones, les citadins quils nhabitent pas en pays et les personnes âgées davantage que leurs jeunes..Considéré par certains comme un système très inégal, et par dautres comme une méthode qui encourage les dépenses médicales inutiles, il nest en fait que semi-mutualisé.Les actuaires ont réussi à affiner leurs calculs des coûts et leur retour à un niveau qui leur permet de différencier les primes non seulement par sexe et âge mais aussi par canton, voire commune de résidence..Pour dire franchement, les habitants robustes dun village du canton rural de Appenzell qui se plaignent moins nont jamais vu un psychiatre et se traitent avec des herbes naturelles, paient quatre fois moins pour leur assurance que les inwell habitant la métropole bâloise..Tu as 40 ans..
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Source: https://www.lemonde.fr/en/international/article/2023/10/01/switzerland-s-yearly-battle-with-rising-health-insurance-costs_6142135_4.html